Avril… Avril… tu as bien fraîchi en ce milieu de mois. Les arbres fruitiers qui ont déjà pris fleurs n’aiment guère cela. Les animaux n’apprécient pas non plus, qui sont en train de perdre leur bourre d’hiver.
Une chouette effraie, qui niche dans le creux d’un chêne près de la maison, a commencé à nidifier depuis quelques jours. Son ventre blanc, comme sa face ronde, rayent l’ombre des nuits de gelée au ciel fourmillant d’étoiles. D’un vol lent et majestueux, elle plane au-dessus des eaux en soubresauts de la rivière. Elle se plaît en Auvergne, celle qu’on surnomme La Dame Blanche. Les taillis, les friches, la fougère à mi-flanc de pentes, les champs aux herbes hautes attirent son attention. Le moindre bruissement dans la végétation lui fait tourner la tête. Elle se poste aux aguets avant de plonger d’un coup en projetant ses pattes en avant. Serres écartées, elle vient de saisir un campagnol qui n’a pas eu le temps de voir venir le danger. Bientôt, elle devra nourrir sa nichée, la nuit. Il lui faudra deux petits mammifères par oisillon, sachant que le nid porte quatre à six oeufs et jusqu’à deux couvées par an. Pas de quoi chômer ! Elle est courageuse et bonne mère.
Pendant l’hiver, quand la bise traîne ses giboulées de mont en mont, la vie devient difficile. Le nombre de proies diminue. La faim peut être fatale à notre amie chouette. Il ne faut pas la troubler lorsqu’elle chasse. Ce serait compromettre ses chances de survie.
Avril… Avril… ne peux-tu chauffer plus intensément ton soleil ? Les prés sont drus, semés de boutons d’or. Les lilas peignent de couleurs vives le seuil des maisons. Avril, pense à tous les animaux qui ont besoin de journées tièdes, assoupies, et d’un vent léger dans les feuillages.
Danielle Chevalier
Villejaleix
Avril 2017