Monsieur renard, toi et moi ne sommes pas des copains. Tu es trop friand de chair de chats pour que je t’apprécie.
Tu as croisé ma route, ce matin, alors que je promenais les chiens dans une brouillasse imbibée du silence de la nature. Nous sommes tombés droit de l’été à un froid aux brumes piquantes. Les meuglements des vaches parquées dans les champs en disent long. L’automne précoce les rend tristes. Où sont passées nos belles arrière-saisons en Combraille ?
Dans le sentier mal frayé, Archi le boxer s’est embrouillé les pattes dans les branches mal racinées des fayards. Un renard venait de surgir devant lui. Pas farouche, le gaillard ! Le voilà accroupi pour nous observer de ses yeux vifs, derrière un entrelacs de ronces. Avons-nous interrompu sa chasse aux lièvres ? Ou guettait-il ce merle perché sur la rame basse d’un sapin ? Toujours est-il que monsieur renard n’est pas content. Notre présence l’indispose. Sa queue fouette l’air avec rage et un grondement ronfle dans sa gorge. Pas une seconde il ne songe à fuir.
Bon, on ne va pas rester là à se regarder toute la matinée ! Monsieur renard, faut que tu dégages le sentier. Une haie chétive nous sépare. Je fais un pas vers elle et le petit fauve prend peur. Les oreilles collées, il file à vive allure derrière des rochers jaunis de lichens.
Revenus de leur surprise, les chiens courent en rond et se mettent à japper. Mais le renard est déjà loin. En boule peut être au fond de sa tanière, le museau fin sur sa croupe pour attendre la nuit.
Le 17 septembre 2017
Danielle Chevalier