Pour la septième année consécutive, le projet se déroulant dans les quartiers défavorisés de la capitale du Paraguay (Asunción) a pu être mené à bien grâce à l’association paraguayenne Adoptame aidée par des étudiants de l’association Baylène de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse, et au financement de la Société Nationale de Défense des Animaux.
Le projet a pour but la réalisation de castrations et stérilisations sur des animaux issus des quartiers défavorisés d’Asunción, soit errants, soit appartenant à un propriétaire dont les moyens ne lui permettent pas d’assurer des soins à son animal. La mission participe également plus généralement à l’amélioration des conditions de vie des animaux, ce qui passe par du déparasitage en masse, des soins de première urgence apportés sur place voire une prise en charge de l’animal pour des soins plus poussés dans un clinique vétérinaire…
Le Paraguay a connu depuis le mois d’avril 2019 des grosses crues, et la capitale a été sévèrement touchée, essentiellement pour les quartiers bas situés en bordure du fleuve qui sont justement des quartiers très défavorisés. Les crues sont récurrentes ses dernières années, les habitants se sont adaptés afin de continuer de vivre dans ces zones, certains ont transformé leur logement pour qu’ils survivent à la montée des eaux en construisant des « maisons » précaires sur pilotis, d’autres se sont « installés » plus en hauteur sur les trottoirs de rues avec des matériaux de fortune. L’accès aux zones inondables est compliquée lorsqu’il pleut, ce qui complique la capture des animaux.
Organisation
Nous avons atterri à Asunción le lundi 15 juillet en fin d’après-midi. Après une installation rapide et une explication du déroulement de la mission, nous avons commencé à travailler avec Adoptame le lendemain matin. Le matin était consacré aux soins des animaux hospitalisés et à la chirurgie. L’après-midi et le début de soirée, nous nous concentrions sur la capture et la remise dans leur habitat des chats ainsi que le déparasitage des chiens. Durant la mission nous avons aussi fabriqué des housses en plastique à mettre sur les cages des chats attrapés pour limiter leur stress une fois capturé.
Nous sommes allés dans deux zones distinctes :
- le quartier Mbaguà, un immense quartier, sujet aux inondations pour la zone la plus proche du fleuve
- le mercado 4, un marché qui s’étale sur 3/4 pâtés de maison, infesté de chats errants.
La capture dans ces deux lieux se faisaient de manière différente : en effet, à Mbagua, beaucoup d’animaux qu’on qualifierait d’errants à première vue car déambulants dans les rues, on en réalité les propriétaires, et ceux-ci y sont en général attachés. Il nous fallait donc leur accord pour emmener les animaux et les stériliser. Cela ne leur posait souvent aucun problème.
De nombreux habitants nous demandaient d’ailleurs de passer chez eux attraper les chats ou nous les amenaient directement, notamment les femelles dès qu’ils nous voyaient arriver. Au mercado 4, les chats étaient complètement errants et souvent plus sauvage. Nous devions aller les chercher une fois le marché fermé.
A la fin de la journée, tous les animaux capturés étaient transportés dans une clinique, une maison appartenant à l’association Adoptame. L’association travaillait majoritairement avec une vétérinaire bénévole et avec une vétérinaire travaillant pour la ville et envoyée en mission dans l’association.
Le lendemain, les animaux ayant passé la nuit à la clinique étaient castrés et stérilisés. Nous étions divisés en deux groupes, les étudiants de quatrièmes années réalisaient les ovario-hystérectomies sous la surveillance d’une vétérinaire. Les étudiants de premières années s’occupaient de castrer les mâles et des soins post-opératoires (nettoyage des instruments, injections d’antibiotiques, d’analgésiques et d’antiparasitaires). Une bénévole paraguayenne s’occupait du pré-opératoire (anesthésie, tonte et désinfection des zones de chirurgie). Les animaux castrés étaient rendus à leur propriétaire le lendemain. Nous gardions les femelles un jour de plus pour une seconde injection d’antibiotiques.
Au total, pendant les 10 jours de la mission, 162 animaux ont été castrés ou stérilisés.
Adoption
Il y a donc deux catégories d’animaux soignés et/ou opérés : ceux qui ont un propriétaire, et ceux qui sont réellement abandonnés dans la rue. Cette dernière catégorie est celle qui pose le plus problème car ces animaux ne sont pas remis à la rue et doivent trouver un nouveau propriétaire.
Certains jours de l’année, l’association organise des stands dans des galeries commerciales afin de trouver de nouveaux foyers à ces animaux. L’association utilise également avec efficacité les réseaux sociaux et notamment Facebook pour publier des annonces des animaux proposés à l’adoption. Les animaux ne sont proposés à l’adoption que lorsqu’ils sont stérilisés, en bonne santé, ou en très bonne voie de guérison. Les bénévoles gardent ainsi chez eux plusieurs mois des animaux avant qu’ils ne soient adoptés, et tous gardent en général les animaux qui ne le sont pas. Concernant les chats récupérés au mercado 4, nous les relâchions à l’endroit précis où nous les avions attrapés. En effet, ses chats sont souvent trop sauvage et l’association préfère consacrer ses efforts pour sur des chats plus sociables et où l’adoption se passera bien.
Reconnaissance locale
Notre mission s’est déroulé peu après la nomination de Joel manuel Enciso comme directeur de la défense, de la santé et du bien être animal. Ce dernier a été invité avec le président de l’association, Ivan Balmori et une étudiante française dans une émission radio sur « el cuidado de los animales una responsabilitad social » (s’occuper des animaux une responsabilité). Cette émission a permis de faire connaître l’association mais aussi de parler de la santé et du bien être des animaux domestiques, ce ne peut être que positif.
De plus, à la fin des la mission, deux étudiantes françaises ont été invité sur un plateau télévisé dans une émission appelée « mujeres brillantes » (femmes brillantes) pour parler de leurs parcours et modes de vie en France. Elles ont profité de cette occasion pour présenter la mission et des associations impliquées.
Répercutions et ressenti
L’aide apportée par l’association dans la capitale est très importante, non seulement au niveau de la santé des animaux. Nous n’avons pas rencontré d’animaux considérés comme des jouets comme ce fut le cas les premières années de la mission. Cela est encourageant, la mission des sensibilisation des populations est efficace même si il reste encore beaucoup de travail à accomplir. De plus, dans la majeure partie des cas, la population est volontaire pour faire stériliser son animal.
Cette année, nous n’avons pas stérilisé de chiens car les locaux de l’association ne permettent pas de garder les chiens longtemps (nuisance envers le voisinage, manque de place). Cependant, de nombreux chiens nécessiteraient d’être stérilisés, pour éviter les portées non désirées et l’abandon des chiots, mais aussi limiter la transmission vénérienne du sarcome de Sticker, très présente à Asuncion.
Cette expérience a été pour nous tous très enrichissante. Sur le plan humain, nous avons rencontré des bénévoles accueillants et très investis dans leur association, au point d’y consacrer beaucoup de leur temps et de recueillir de nombreux animaux errants chez eux. Nous avons tous été affectés par la situation sanitaire des quartiers pauvres, où les réfugiés des inondations vivent dans des cabanes en bois, dans des zones constamment humides où se développent moustiques et parasites. Ascaris notamment infecte non seulement les animaux, mais également les enfants qui marchent pieds nus dans les rues. Nous espérons que notre présence a contribué à une amélioration, de la cohabitation entre animaux domestiques et habitants dans ces quartiers. Nous sommes convaincus que cette initiative peut porter ses fruits si elle est répétée de façon régulière et sur le long terme. C’est pourquoi aujourd’hui nous sommes prêts à motiver et passer le flambeau aux nouveaux arrivants de notre école pour poursuivre ce projet en 2020 !